Travaux au rucher en février 2023
Durant l'hiver, l'apiculteur surveillera régulièrement ses ruchers. Voir des abeilles mortes à l'extérieur immédiat de la ruche est normal à cette époque de l'année. Cependant il faut tout de même analyser visuellement les abeilles mortes. Si vous constatez que les cadavres tirent la langue, alors il s'agit peut-être d'une ruche dont les abeilles sont en train de mourir de faim. Dans ce cas, ouvrir la ruche pour vérifier l'état des réserves par le dessus des cadres est assez opportun. Si vous constatez qu'il n'y a plus de miel operculé dans le haut des cadres attention, la disette n'est pas loin. Il faudra penser à nourrir. À cette époque de l'année, le nourrissement se fait avec de la pâte de candi. Dans la vidéo suivante, je vous explique comment je fabrique mon candi à chaud. Et dans le lien suivant voici la recette détaillée. Pour placer le candi, vous pouvez le mettre sur le dessus des cadres en faisant un trou dans le plastique du sachet de candi. Personnellement, quand je dois nourrir, je place directement sur ce pain de candi, une feuille de plastique avant de retourner un nourrisseur dessus. Cela permet aux abeilles de ne pas devoir chauffer un trop grand volume vide qui serait juste au-dessus de la grappe.
À partir de la mi-février, on peut envisager de commencer à donner du sirop pour stimuler la colonie pour autant que les températures soient suffisamment clémentes (12 à 14°C), autrement les abeilles ne prendront pas le sirop qui est trop froid (je parle bien de stimulant, pas de nourrissement massif ; quelques décilitres de temps à autres) Si vous envisagez une miellée vers le 15 avril sachez que pour obtenir des butineuses il faut environ 40 jours (3 semaines d'état larvaire et 3 semaines d'abeille adulte avant de devenir butineuse). Si vous tentez la stimulation de vos colonies pour la miellée de printemps, le nourrissement stimulant devra commencer fin février. Pour ce faire, vous pouvez utiliser du candi protéiné, il en existe différents types, du candi protéiné à base de pollen ou de levure ou de protéines diverses : végétales (soja, pois chiches) ou animales (blanc d'œuf).
Sachez toutefois que l'abeille noire se laisse rarement berner par des stimulants. De par sa nature, elle est prévoyante. Elle suit la courbe des saisons et élèvera si le temps et les rentrées naturelles sont possibles. Si le temps laisse place au froid comme souvent à cette époque cela ne dérange pas la noire de se resserrer et de stopper l'élevage. Dans les jours qui suivent vous pourriez très bien voir des larves expulsées hors de la ruche. Ce ne sera pas anormal, ce sont juste les larves qui seront mortes d'un coup de froid, stimulant ou pas. Attention avec la pratique de la stimulation des colonies. Si la saison n'évolue pas comme il était prévu avec des floraisons pour la récolte et un temps permettant aux abeilles de butiner, je pense notamment à la floraison des merisiers qui marque souvent le début de la miellée de printemps, si les abeilles se retrouvent confinées dans les ruches, alors vous pourriez bien avoir à gérer de nombreux essaims.
À partir de la mi-février, si le temps le permet, vous pouvez placer aussi un sirop de stimulation qui peut être protéiné avec différents adjuvants. Je pense notamment au BeeStrong qui est vraiment un très bon complément alimentaire pour vos abeilles. Il renforce notamment l'immunité de la colonie et apporte plus de résistance aux abeilles concernant certaines maladies du couvain comme les loques.
En février les jours peuvent devenir plus chauds. Les abeilles, en plus du vol de propreté, commenceront à faire des récoltes plus conséquentes de pollen. En février les abeilles ne volent pas très loin du rucher un restent souvent dans un rayon de 50 à 100 m maximum. Il est très important d'avoir une flore précoce et abondante en pollen et en nectar au plus près des ruches. Il n'est pas trop tard pour planter et semer des fleurs et arbres d'intérêt apicole. Pensons aux divers crocus, perce-neige, hellébores, noisetiers, cornouiller mâles, saules, mahonia, ...
Février peut cependant être encore méchant et les tempêtes sont souvent de mise. Arrimez bien et lestez bien vos ruches. Beaucoup d'apiculteurs stressent par grands vents de peur de voir les ruches basculer et les toits s'envoler.
Si vous devez visiter en février il faut vous assurer que la température sera d'au moins 14 à 15°C. La visite sera une visite furtive, c'est-à-dire que quand vous ouvrez vous allez chercher à estimer ce qu'il reste de réserves et faire une légère intrusion dans le couvain pour voir si celui-ci est beau et en cellules d'ouvrières. Il est possible que vous aperceviez la reine surtout si elle est marquée mais ce n'est pas le but de la visite. S'il y a du couvain d'ouvrières c'est que la reine s'y trouve. 3 semaines après la première ponte les premières abeilles ouvrières naîtront pour commencer tout doucement à remplacer celles d'hiver qui meurent.
Si lors d'une visite furtive vous ne voyez pas de couvain d'ouvrières ne paniquez pas. Il est bien possible que la reine n'est pas encore recommencé à pondre, surtout avec de l'abeille noire. Par contre si vous voyez uniquement du couvain de faux-bourdons, alors là, ça peut être un problème. Deux possibilités ; soit la reine est morte et les ouvrières pondeuses sont à l'œuvre, soit la reine est toujours là mais sa spermathèque est vide et la reine ne pond que des œufs non fécondés donnant des faux-bourdons.
Dans ce cas vous attendrez une belle journée pour secouer tout ce petit monde devant vos ruches. Les abeilles se feront accepter dans une autre colonie.
Février reste aussi le mois du grand nettoyage du rucher, des abords ainsi que des ateliers. Profitez-en pour continuer à compléter votre matériel en allant l'acheter ou en le fabricant. Repeignez vos ruches, grattez et brûlez celles qui doivent être nettoyées et désinfectées. Il n'est pas obligatoire de passer tout à la flamme. Un bain à l'eau bouillante avec de la soude convient très bien aussi pour nettoyer et désinfecter.
N'oubliez pas non plus de cirer vos cadres soit avec des feuilles de cire faites hors de votre meilleure cire d'opercules ou achetées dans un commerce qui peut vous fournir une bonne traçabilité et qui atteste par analyses en laboratoire de la bonne conformité de ces cires.
Enfin, pensez sérieusement à déclarer vos ruches à L'AFSCA (pour la Belgique). En dessous de 24 colonies, l'inscription ne vous coûtera rien. Vous serez cependant en règle et pourrez vendre votre miel en toute quiétude. Si vous ne faites pas ces démarches et que l'AFSCA s'aperçoit que vous vendez ou publiez pour vendre sur les réseaux sociaux ou pire… que vous êtes dénoncé par quelqu'un qui a mal au ventre parce que vous vendez du miel (et oui malheureusement ce genre de personnages existent), vous vous exposez à des problèmes ; saisies, amendes, ... De même si vous jouez le jeu de vous mettre en conformité, vous tiendrez un registre qui renseigne quand vous avez récolté avec la date de durabilité maximum de votre miel ainsi que le numéro du lot. Par exemple vous faites votre première récolte en 2023 votre lot sera le 01-2023. Pour la deuxième récolte : 02-2023. Comme vous voyez c'est assez facile. Dans ce registre vous noterez aussi ce que vous avez acheté comme cire avec leur numéro de lot, pareil pour le nourrissement ou les traitements ces fiches seront gardées 5 ans dans vos archives.
Pour finir les conseils de février, je sais que ce mois-ci est celui où les apiculteurs sont le plus impatients de retrouver leurs abeilles. De grâce, soyez encore calmes, nous approchons du printemps. Ce qui peut faire qu'on ouvre les ruches c'est juste pour voir si les abeilles ont encore assez de réserves si on a un doute ou éventuellement se rassurer que la reine est toujours là en observant du couvain d’ouvrières. En dehors de ça il est bien trop tôt pour visiter les ruches. Laissons-les biens tranquilles encore un mois. "Patience et longueur de temps..."
À très bientôt
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Martine Denis (samedi, 28 janvier 2023 14:46)
Extra interessant ....
Mais triste les maux de ventres de certains jaloux .....triste oui
Vourage grand magnifique travail
Facq Jerome (samedi, 28 janvier 2023 18:33)
Merci pour tous ces conseils! Impatient de commencer cette saison et faire une saison entière. J ai 5 ruches et 1 miniplus et j ai restauré 2 ruches et fabriqué 2 autres + 3 miniplus avec 2 étages �
Yuksel Gunes (dimanche, 29 janvier 2023 07:44)
Frederic bonjour,
Vos conseils sont vraiment aptes pour une apiculture durable.
Enfin il fait froid et il pleut chez moi. Les noisetiers et le pisselnits ont commences a fleurir. La semaine derniere il y avait une bonne entree de pollen.
Merci beaucoup.
FIGOUREUX André (dimanche, 29 janvier 2023 20:52)
Bonsoir,
Tout d’abord, merci pour tous vos conseils.
Je suggère simplement qu’ils puissent être adaptés aux grandes régions : Nord, Est, Sud et Ouest.
La différence de climat entre l’arrondissement de Dunkerque où je réside et le sud de la France est considérable et se mesure en mois.
La conduite de nos ruches doit bien évidemment se caler sur cette différence.
Encore merci à vous.