Bonjour à tous,
Cela fait déjà quelques années que nous l'attendions sans aucune impatience et pour le plus tard possible. Cependant le voilà sur Amay. Ce matin, sur un des ruchers d'Amay, j'ai constaté le premier en train de chasser devant les ruches, en vol stationnaire et attrapant au vol sa victime avant de retourner vers son nid.
Le frelon asiatique a envahit la Belgique en s'implantant pour la première fois à Tournai en 2016. Quand il s'installe sur une nouvelle zone, cet insecte prolifère et met à mal toutes la faune environnante d'insectes et autres invertébrés avec une prédilection pour l'abeille mellifère, vivant en colonie et donc servant de garde manger sur un lieu précis. Le frelon asiatique capture l'abeille, et la débite en morceaux... Il coupe la tête, l'abdomen, des ailes et pattes (pas toujours dans ce sens-là) et emporte au nid juste le thorax, car c'est la partie de l'insecte la plus riche en protéines; la partie qui contient les muscles allaires. Après environ 5 à 6 ans ou ce frelon s'est implanté, il semblerait que la pression est un peu moins importante, la biodiversité environnante aussi.
Son cycle de vie :
En fin d'hiver, les reines qui ont survécu commencent seules un nouveau nid en construisant avec une sorte de pâte à papier une quarantaine d'alvéoles où elle va pondre ses œufs. Quand les premières ouvrières seront nées, celles-ci vont commencer à prospecter et chasser pour ramener au nid la nourriture et ainsi aider la fondatrice à pondre plus et élever plus d'ouvrières. Souvent ces nids qui sont des nids primaires, restent de taille modeste, de la taille d'une balle de golf ou de tennis et sont bien cachés à l'abri (corniches, garages, nichoirs à oiseaux, boites, ... Ensuite, vers le mois de juin, si ne nid ne peut être agrandi, la colonie déménage avec la reine et là, souvent très en hauteur, dans la cime des arbres, si possible à plus de 10 m. Ce sera la construction du nid secondaire, souvent fort gros, il n'est pas rare d'en découvrir de 80 à 100 cm de diamètre. Il peut y avoir plus de 3000 individus. Le nid est pyriforme (en forme de poire), l'entrée est sur un coté du nid alors que le frelon européen à son entrée sous le nid.
En septembre, les premières femelles sexuées et les mâles feront leur apparition et s'accoupleront. Avec la saison froide qui arrivera, tous les individus mourront sauf les futures fondatrices qui se seront accouplées. Quand les feuilles d'arbres tombent, c'est à ce moment-là que les nids sont bien visibles. De constats de plusieurs experts en destruction de frelons asiatiques, signaler et faire détruire les nids en octobre et novembre n'est pas vain car des centaines de futures fondatrices s'y cachent toujours. Bien entendu, les détruire avant que les futures reines ne soient nées est encore mieux. D'autres femelles s'enfuirons au sol, dans des feuilles mortes, sous des écorces, tas de bois, constructions diverses, ... Attendant un redoux de fin d'hiver pour recommencer un nouveau nid.
Attention, si un nid se trouve chez vous, la loi vous oblige à le faire détruire, c'est une espèce invasive, c'est obligatoire. La commune où vous vivez doit faire appliquer le règlement.
En terme de coût, sur le territoire d'une commune, on peut considérer que l'on dénombre environ 5 nids de frelons asiatiques par an, certaines communes prennent en charge ces coûts, d'autres pas, ce qui incombe alors au propriétaire du terrain. En France, là où le frelon asiatique est implanté depuis des années, on constate que les nids deviennent plus petits et ne restent pas dans les arbres mais s'accrochent aussi aux constructions humaines.
Le frelon asiatique n'est pas nuisible uniquement aux abeilles et autres invertébrés, il recherche le sucre et la viande et donc peut devenir incommodant pour l'être humain. Sa piqûre est très douloureuse, pas plus que la guêpe mais plus profonde. Nul n'est à l'abri de faire une réaction allergique au venin cependant. Un nid dérangé attaque souvent en masse en envoyant tout le bataillon disponible à ce moment-là sur l'intrus.
Ainsi donc, une nouvelle ère commence pour notre apiculture, il va falloir faire avec ... ou contre.
Ouvrons l'œil, soyons vigilants, sensibilisons les voisins, amis, clients qui viennent chercher un pot de miel, ... Qu'ils regardent en l'air, pour trouver les nids dans la cime des arbres afin de pouvoir les faire détruire.
A ce propos, il est très facile de signaler les espèces invasives à l'observatoire de la biodiversité du SPW
En qualité d'apiculteurs responsables et protecteurs de notre environnement, nous pouvons mener plusieurs actions pour piéger et détecter les nids.
Pour les personnes qui ne connaissent pas, le piégeage est cependant délicat et parfois plus dommageable à la biodiversité qu'autre chose. En effet, il y a des études qui ont été faites sur des pièges bouteilles classiques style entonnoirs qui démontrent que pour un frelon asiatique attrapé dans un piège, environ 120 autres insectes utiles s'y sont noyés et parfois des espèces rares ; papillons, coléoptères, mouches, hyménoptères, ...
Autre erreur souvent très cuisante pour ceux qui s'y risquent est de secouer le nid avec des projectiles divers, bâtons, tirer dans le nid avec des armes (et interdit d'ailleurs) ou paintball, cracher du feu avec un drone, ... Beaucoup de vidéos montrent ce genre de choses, c'est complètement irresponsable.
Le vrai piège sélectif appâte sans permettre aux insectes de se noyer dans l'appât. Ensuite, par un système de grille, il permet aux autres insectes non cyblés de ressortir (ou de ne pas y rentrer) piégeant ainsi uniquement le frelon asiatique.
Concrètement :
1) De la mi-février à fin avril début mai, placez des pièges sélectifs (l'appât est protégé par une moustiquaire par exemple et donc aucun insecte ne s'y noie. L'appât est composé de 1/3 de vin blanc, 1/3 de sirop de cassis et 1/3 de bière brune. L'orifice d'entrée est de 7 mm. Ainsi, les fondatrices de frelons européens ne peuvent y entrer et y rester piégées - insecte de chez nous utile dans l'environnement. Une grille spéciale permet aux insectes plus petits de sortir. Restent piégées les fondatrices asiatiques.
Après début mai, cela ne sert plus à rien de piéger les fondatrices. Celles-ci restent au nid.
2) Pour la suite, de la fin mai à la fin d'août et début septembre, il faut appâter les ouvrières avec de la confiture de prunes (toujours avec l'appât protégé).
Pour détecter les nids :
De mai à fin août début septembre, vous pouvez placer des bocaux avec un couvercle troué et une mèche qui sort du couvercle et trempe dans un mélange de jus de prunes, sirop de cassis et bière brune, un peu de miel, de vin blanc le tout bien mixé et éventé pour ne pas avoir l'alcool (possible d'acheter bière et vin sans alcool).
Les appâts seront dispersés sur le territoire, et régulièrement visités pour déterminer dans quelle direction les frelons rassasiés retournent. Par triangulation sur une carte, on peut repérer les nids.
3) A partir de la fin août, on peut appâter avec de la pâtée pour chats au saumon. Comme ils ont besoin de protéines, ils iront bien volontiers en chercher.
Voilà ce que concrètement nous pouvons faire en étant bien conscients que le frelon asiatique est en train de coloniser toute l'Europe, s'implante et ne disparaitra pas. Il faut faire avec, malheureusement. Un véritable fléau de plus pour notre biodiversité qui est déjà terriblement fragilisée. Si un jour un prédateur de frelon asiatique se présente, cela ira peut-être mais ce prédateur sera certainement aussi un invasif qui ne se contentera pas du frelon asiatique.
Encore une chose ... S'il vous plait, n'empoisonnez pas les frelons comme plébiscité par certains. C'est terrible pour l'environnement, cela ne tuera pas que le nid mais toute une cohorte d'autres espèces, insectes, petits mammifères, oiseaux, ... qui passeront après
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